Histoire

Colonie anglaise de Dinan (1800-1940). Un enseignement réputé

École anglaise de l'ancienne villa Ker Even vers 1890. (©Auguste Dubois - Coll. Bibliothèque municipale de Dinan)
École anglaise de l'ancienne villa Ker Even vers 1890. (©Auguste Dubois - Coll. Bibliothèque municipale de Dinan)

Ecoles et cours privés, la plupart d'excellente réputation, que ce soit au plan local ou outre-Manche, se sont peu à peu installés à Dinan. Les élèves pensionnaires y sont recrutés via des annonces dans la presse anglaise.

Des Anglaises, ou mariées à des Anglais, ouvrent des écoles privées de jeunes filles. Connue sous le nom de "pension anglaise", la plus importante est l'établissement créé par miss Fanny Brown autour de 1880, dans la maison Ker Even, rue Broussais. Ce bâtiment sera intégré dans ce qui sera, bien plus tard, le collège Broussais.
D'année en année, ce cours privé est doté de plusieurs sous-maîtresses et ménage sa réputation de sérieux et d'excellence. Distribution des prix en grandes pompes, relayée par la presse locale, concerts, conférences, théâtre... participent au rayonnement de la vie dinannaise. Si les élèves ne sont pas toutes anglaises, elles sont toutes de confession protestante. 

Fanny Brown est sur la plus haute marche, avec une canne. (Collection Bibliothèque municipale de Dinan)

Les finances de l'école sont à la peine. Malade depuis de longues années, Fanny Brown repart à Londres en 1896 et miss Frances Mac Callum lui succédera. Celle-ci redresse la situation financière de l'établissement, déploie une habile promotion pour enrôler de nouvelles pensionnaires, allant même jusqu'à proposer des leçons de danse de salon, qui se taillent un beau succès dans une époque où les bals font florès. "Miss Mac Callum, analyse Diane Monier-Moore, recherchait également une reconnaissance internationale." Elle a de grandes ambitions pour Ker Even et veut en faire une prestigieuse école européenne.
De 1911 à 1914, année de la fermeture définitive de l'école, cette dernière transfère l'école de Ker Even à La Grande vigne, où elle demeure jusqu’à sa mort en 1932. Lorsque Yvonne Jean-Haffen achète la maison en 1937, elle noue une curieuse amitié posthume avec Miss Mac Callum… au point d’être inhumée avec elle au cimetière de Dinan** .

* Toutes les citations sont extraites de l'ouvrage de l'historienne franco-jersiaise Diane Monier-Moore, Dinan. La colonie anglaise, 1800-1940. Editions Plessix, 2017.

** Tombe n°7, au départ du carré anglais.