Magazine Côtes d'Armor

« L’enseignement supérieur, une offre de proximité en résonance avec le tissu local »

Ethis actu

Interview d'Emmanuel Ethis, recteur de l'académie de Rennes

  •  Emmanuel Ethis, recteur d'académie. Photo : Thierry Jeandot
    Emmanuel Ethis, recteur d'académie

    Monsieur le Recteur, le département accueille aujourd’hui plus de 300 formations dispensées dans près de 70 établissements post-bac. Comment décririez-vous aujourd’hui le paysage de l’enseignement supérieur sur notre territoire ?
    Le département des Côtes d’Armor se distingue - c’est assez intéressant et singulier - par sa capacité à déployer une vraie offre de proximité, avec de nombreuses propositions dans les lycées, les IUT, les sites universitaires. En parallèle, il a aussi développé des spécialités qui n’existent nulle part ailleurs et dont la portée est souvent nationale. Par exemple, le Conservatoire national des arts et des métiers développe aujourd’hui sur le territoire des formations en résonance avec le tissu économique local, y compris pour les salariés en formation continue. Certaines d’entre elles sont reconnues bien au-delà du territoire, comme la formation d’ingénieur en cybersécurité ou le master de l’Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle, à Guingamp. Je pense aussi à d’autres filières comme la photonique et le journalisme à Lannion ou encore la santé animale et la sécurité alimentaire à Ploufragan. Il est tout à fait essentiel de poursuivre le développement de ces formations, qui permettent de défendre une image de marque très forte pour l’enseignement supérieur des Côtes d’Armor. 

    L’offre de formation en Côtes d’Armor ne cesse de se diversifier. Quelle est la politique de l’Académie de Rennes en la matière ?
    L’idée n’est pas de dupliquer ce qui se fait à Rennes mais de construire une offre de formation qui ne se trouve pas ailleurs en Bretagne, afin d’éviter toute concurrence entre les sites bretons. Par ailleurs, le rectorat de Bretagne accompagne les différents établissements dans leur structuration. A compter du 1er janvier, un Établissement Public Expérimental Université de Rennes va être créé. Il devrait notamment permettre aux sites costarmoricains de trouver leur place dans le projet global de contrat de site. Nous soutenons également, en partenariat avec l’Université de Bretagne occidentale, l’existence de l’antenne briochine de l’Institut National du Professorat et de l'Education en Bretagne (Inspe). C’est un choix clair, fort, de maintenir une formation initiale au professorat des écoles en Côtes d’Armor, d’autant plus que l’INSPE dispense aussi l’enseignement du breton, ce qui est très important pour nous. 

    Même si les Côtes d’Armor ne disposent pas d’une université de plein exercice, il existe une vraie dynamique territoriale en faveur de l’enseignement supérieur. Quel regard portez-vous sur la mobilisation des collectivités territoriales, notamment du Département ? 
    C’est évidemment essentiel que le Département aille au-delà de ses compétences obligatoires sur ce sujet car développer l’offre, c’est permettre à tous les jeunes de se projeter vers l’avenir. L’enseignement supérieur est un véritable projet de développement du territoire. Il faut s’appuyer sur ce qui est déjà bien ancré, travailler les partenariats entre les collectivités et les universités et associer tous les acteurs locaux autour des contrats de sites, pour élaborer une carte de formation cohérente. Il faut faire confiance aux universités : il y a déjà eu de belles réussites, comme l’implantation du Parcours d’accès spécifique santé, qui permet aux étudiants costarmoricains de débuter leurs études de santé à Saint-Brieuc.

    De nombreux futurs étudiants ont encore le réflexe de se tourner vers Rennes ou Brest pour effectuer leurs études. Les Côtes d’Armor ont pourtant de bons arguments...
    D’abord, je pense qu’il ne faut pas opposer les Côtes d’Armor à Rennes ou Brest, mais voir qu’il y a, à l’échelle de la Bretagne, une diversité de possibilités. L’avenir ne peut pas passer que par les grands pôles universitaires et beaucoup d’étudiants nous disent aujourd’hui qu’ils recherchent une vie moins urbaine, davantage tournée vers l’écologie. En Côtes d’Armor, ils mettent en avant l’accessibilité, la possibilité de se déplacer à pied, la proximité de la mer… La qualité de vie étudiante est radicalement différente de celle que l’on peut trouver dans les plus grandes villes et repose sur d’autres types de valeurs qui sont très en phase avec l’air du temps. Tout cela rend le territoire très attractif, d’autant plus qu’étudier dans des villes plus petites est souvent un accélérateur de réussite.