Laëtitia Rouxel, femme de BD

Laetitia Rouxel
« Se lancer dans la BD est un véritable pari», mesure Laëtitia Rouxel.

Originaire de Saint-Malo, c'est chez elle, à Dinan, que Laëtitia Rouxel fait naître ses personnages de bandes dessinées. Un choix de vie comme une évidence, pour cette jeune créatrice bien déterminée à tracer sa route dans l'univers encore très masculin de la BD.

  • Chez elle ou en classe pour tromper l'ennui, du plus loin qu'elle s'en souvienne, Laëtitia Rouxel a toujours dessiné. Mais ce n'est qu'au lycée que la bande dessinée deviendra une évidence, lorsqu'une copine l'embarque au festival malouin Quai des bulles. « J'ai été subjuguée d'y voir des dessinateurs dessiner en direct. Avec la BD, j'ai découvert un langage très riche, qui offre énormément de possibilités ». Piquée par le virus, l'étudiante effectue un BTS communication visuelle, puis intègre l'école des Beaux-Arts d'Angoulême pendant quatre ans. Mais avant de parvenir à vivre de sa passion, elle passera par plusieurs chemins de traverse, en s'impliquant dans des projets tournés vers l'écriture, la vidéo ou la photo. « Ca ne prenait pas, mais je n'ai jamais renoncé », résume la jeune femme, aussi discrète que tenace. C'est la rencontre en 2008 avec les éditeurs de L'Oeuf, à Rennes, qui lui permet de mettre définitivement le pied à l'étrier.

    Des héroïnes fortes et libres

    Depuis lors, aussi intéressée par le dessin que par les récits, la dinanaise, mère d'une petite fille de trois ans, multiplie les projets, en tant qu'autrice, co-scénariste ou dessinatrice. « Mais j'ai beaucoup de mal à ne pas me mêler du scénario... Je préfère les collaborations où dessin et récit se dynamisent entre eux, et travailler en ping-pong avec les scénaristes ». L'art pour l'art, très peu pour celle dont le moteur est plutôt de s'emparer de « tous les sujets qui bougent les lignes », que ce soit la place des femmes dans la société ou les questions environnementales. « J'ai très envie de mettre en avant des personnages, de femmes notamment, qui ont fait des trucs de fous mais qui ne sont pas connus. Il est temps de rééquilibrer la balance dans les personnages ». De cette volonté de proposer des héroïnes dans l'univers encore très masculin de la BD, sont nés deux de ses derniers ouvrages, Des graines sous la neige et Brigande !, scénarisés par Roland Michon. Deux portraits de femmes fortes et libres, bien décidées à en découdre, quelque soient les obstacles.

    « Décoloniser l'imaginaire »

    Sa vie de femme de BD, Laëtitia Rouxel ne l'échangerait pour rien au monde, même si la vie d'un auteur de BD est loin d'être un long fleuve tranquille. « Se lancer dans une BD est un véritable pari pour les créateurs mais pour les éditeurs aussi. Rien ne permet de garantir qu'un ouvrage va rencontrer ses lecteurs à sa sortie ». Pas de quoi décourager la jeune autrice, qui fourmille d'idées et d'énergie. « Nous sommes emprunts de codes depuis notre éducation. J'ai plutôt envie d'essayer de décoloniser l'imaginaire... Il est temps d'aller vers de nouveaux récits », avance avec pudeur cette artiste dont on devine un tempérament de battante, à l'image des héroïnes qu'elle affectionne, de celles qui font avancer les causes... cachées derrière leurs crayons ou pas.

    Brigande !Brigande!, la BD

    De Roland Michon et Laëtitia Rouxel
    Brigande!, c'est le portrait d'un bandit social, d'une femme moderne et affranchie... C'est l’histoire de Marion du Faouët, jeune femme qui a été obligée de devenir hors-la-loi pour sortir de la misère dans le sud de la Bretagne au XVIIIe siècle. Sa beauté, ses amours et son audace défraient la chronique... Ed. Locus Solus
mag 173

Article issu du n°
173
de Côtes d’Armor magazine

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