Histoire

Madeleine Marzin, un ouvrage issu d’un travail colossal

Madeleine Marzin
Extrait de la couverture du livre "Madeleine Marzin. Bretonne, résistante et élue communiste de Paris", d'Alain Prigent

Quand on se penche sur l’incroyable destin de Madeleine Marzin, on peine à comprendre pourquoi cette héroïne est passée entre les gouttes de l’Histoire, pourquoi cette grande résistante ne figure pas dans les manuels aux côtés de Jean Moulin, Pierre Mendès-France, Michel Debré, ou encore Lucie et Raymond Aubrac. Cette erreur de l’Histoire est désormais réparée, grâce à l’immense travail qu’a fourni le Trégorrois Alain Prigent pendant cinq ans.

  • Aujourd’hui, seule une rue, ou plutôt une minuscule venelle, à Paris, témoigne du passage de Madeleine Marzin parmi nous. Rendez-vous compte, elle n’est même pas mentionnée dans la liste des centaines de résistants sur Wikipedia… C’est dire à quel point nous pouvons saluer l’importance de l’ouvrage réalisé par Alain Prigent qui, en faisant revivre Madeleine Marzin, lui rend enfin justice. Car, cela va de soi, pour que l’Histoire existe, il faut bien l’écrire. Et pour l’écrire, il faut s’armer de temps, plonger son nez dans les archives, les faire parler, fouiller, recouper. Un travail de fourmi titanesque, auquel l'historien, ancien professeur d’histoire-géographie au collège Le-Goffic de Lannion et habitant de Ploulec’h, s’est consacré pendant cinq ans.

    Une première rencontre avec Gustave, le frère de Madeleine

    Tout démarre dans les années 1980, le jour où Alain Prigent, impliqué dans les milieux militants, rencontre Gustave Marzin*, le frère de Madeleine. Ancien déporté, Gustave lui parle de sa sœur, « autorité morale qui avait marqué et impressionné ses frères », relate Alain Prigent. Pendant des années, notre professeur d’Histoire garde cette conversation dans un coin de sa tête… jusqu’en 1996 précisément, à l’occasion de la parution du premier numéro de l’Institut de recherche sur la Résistance dans les Côtes d’Armor, dédié aux femmes résistantes, auquel Alain Prigent contribue. Il prend contact avec Madeleine Marzin, et lui consacre deux pages. 

    Une liasse de lettres qui dormaient à la bibliothèque

    Il faudra attendre un colloque organisé par la société des amis de Louis Guilloux, en 2015, pour que l’histoire s’accélère. Alain Prigent s’engage à préparer une communication sur les amis militants de Louis Guilloux. « Suite à une conversation avec Gustave, je me suis rappelé que Madeleine Marzin avait un lien avec Louis Guilloux, poursuit l’historien. J’ai donc pris contact avec Arnaud Flici, archiviste à la bibliothèque municipale Malraux de Saint-Brieuc. Là, j’ai découvert un volume exceptionnel de lettres écrites par Madeleine à Louis et Renée Guilloux, sur lequel aucun chercheur n’avait travaillé. » C’est décidé, il consacrera un ouvrage à l’ancienne institutrice trégorroise. 

    A la recherche de la Madeleine perdue

    Il démarre donc un travail de recherche de cinq ans sur les traces de Madeleine Marzin, épluchant ces lettres, les fonds d’archives du PCF, au siège parisien, mais aussi les documents issus de la préfecture de police ou les articles de presse. La fabrique de l’Histoire est en marche. Le résultat, c’est Madeleine Marzin, Bretonne, résistante et élue communiste de Paris, un ouvrage de près de 400 pages à mettre entre toutes les mains. Madeleine Marzin, ne l’oublions plus.

    * Dans son ouvrage, Alain Prigent consacre également deux chapitres aux frères de Madeleine, Gustave et Francis.

Article issu du n°
191
de Côtes d’Armor magazine

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  • Madeleine Marzin, Bretonne, résistante et élue communiste de Paris. Alain Prigent, éd. Manifeste, 2022