Un ouvrage emblématique entre les Cotes d’Armor et l’Ille-et-Vilaine

Le pont Saint-Hubert occupe une place singulière dans l’histoire des liaisons entre les Cotes d’Armor et l’Ille-et-Vilaine. Situé entre Plouër-sur-Rance et La Ville-ès-Nonais, il franchit la Rance à un endroit autrefois difficile d’accès. Avant sa construction, les habitants devaient recourir à un bac ou emprunter un long détour pour rejoindre la rive opposée. Au début du XXᵉ siècle, la construction d’un pont devient progressivement un enjeu majeur pour améliorer les échanges, la vie locale et le développement du territoire.

La construction du premier pont : un projet né en 1913

Dès 1913, les premières démarches sont engagées pour édifier un pont suspendu à cet emplacement stratégique. La Première Guerre mondiale et diverses contraintes techniques ralentissent pourtant le projet pendant de nombreuses années. Le pont Saint-Hubert est finalement achevé en 1928 et inauguré en 1929. Avec sa silhouette élégante, sa travée suspendue et sa charpente métallique, il constitue alors une prouesse technique rare en Bretagne. Un péage est mis en place jusqu’en 1933 avant d’être supprimé, permettant un accès totalement libre à l’ouvrage.

Pourquoi le nom « Saint-Hubert » ?

Le pont porte le nom du port Saint-Hubert, situé sur la commune de Plouër-sur-Rance. Ce toponyme provient d’une ancienne chapelle à Saint Hubert, figure associée aux chasseurs et au milieu rural. Le nom a traversé le temps et s’est naturellement imposé lors de l’inauguration du premier pont.

Photo ancienne du port Saint-Hubert
Le port Saint-Hubert

Un ouvrage détruit pendant la Seconde Guerre mondiale

En juin 1944, le pont Saint-Hubert subit de plein fouet les bombardements précédant la Libération. Les attaques des 8, 11 et 12 juin détruisent totalement la structure. Pendant plusieurs années, les déplacements entre les deux rives de la Rance doivent être réorganisés, et la reconstruction de l’ouvrage devient une priorité dès la fin du conflit.

1959 : naissance du pont actuel

La reconstruction est confiée à l’entreprise Baudin-Châteauneuf, spécialiste des ouvrages métalliques. Entre 1957 et 1959, un nouveau pont suspendu est réalisé, plus moderne, plus robuste et mieux adapté aux besoins du territoire. Inauguré le 21 juin 1959, l’ouvrage actuel mesure 286 mètres de long avec une travée principale de 173 mètres. Il combine savoir-faire technique et héritage architectural, renouant avec la vocation première du site : relier durablement les deux départements.

Un pont qui accompagne l’évolution du territoire

À partir des années 1990, la mise en service du pont Chateaubriand sur la RN 176 transfère une partie du trafic routier vers cette infrastructure plus récente. Pour autant, le pont Saint-Hubert conserve une forte valeur identitaire et patrimoniale. Aujourd’hui encore, il demeure l’unique pont suspendu du territoire bretillien et constitue un élément architectural marquant de l’estuaire de la Rance. Sa silhouette métallique continue d’incarner la mémoire, la coopération et l’ingénierie du XXᵉ siècle.