Premier pont à haubans construit en France le pont Saint-Christophe traverse le Trieux pour relier les communes de Paimpol et de Lézardieux. C’est aujourd'hui encore un patrimoine précieux qui a su s’adapter aux besoins de l’évolution du transport, tout en conservant son architecture innovante pour l’époque.

1836

La construction d’un pont à passerelle entre les rives du Goëlo et du Trégor est autorisée par ordonnance du Roi Louis Philippe en remplacement du Bac de Goëlo.

 

1840

Début de la construction de la passerelle suspendue. Il représentait un pont à péage de 4,50 m de large, en platelage bois. En 1882, le trafic, devenu dense, les véhicules de plus de 4 tonnes ainsi que les voitures attelées de plus de 3 chevaux y sont interdits.

 

1913

Naissance d’un nouveau projet. L’objectif est de doter le pont d’une zone d’une connexion avec les voies ferrées. Louis Harel de la Noé, ingénieur français de renom, propose un projet d’ouvrage métallique en arc à trois articulations, comportant des consoles et s’appuyant sur des massifs en béton armé. Mais Ferdinand Arnodin, un autre ingénieur très réputé à l’époque, stoppera la réalisation du projet en convainquant de sa non-adaptation aux conditions du site. Les travaux de l’ouvrage étant commencés, une partie des arches, des piles et des massifs en béton, en amont du pont actuel, qui avaient déjà été édifiés sont encore visibles à ce jour.

 

1924

Début de construction d’un nouveau pont accueillant des chemins de fer. Ferdinand Arnodin, avec l’aide de Gaston Leinekugel-Le-Cocq, conçoit alors un pont à haubans. La construction n’a pas créé d’interruption de la circulation puisque le nouveau tablier a été construit sous l’ancien. L’objectif a été d’adapter l’ouvrage aux flux et aussi d’y permettre la circulation d’un nouveau moyen de locomotion. Modifié pour l’aménagement de la voie ferrée d’intérêt local de Tréguier à Paimpol, ancienne ligne de chemin de fer à voie métrique comprenant un embranchement jusqu’à Pleubian depuis Pleumeur-Gautier.

 

1926

Mise en service du nouveau pont routier et voie ferrée d’intérêt local

 

1972

Nouveau projet : rendre le pont uniquement routier, avec suppression des voies ferrées. La chaussée est agrandie pour répondre à l’augmentation du trafic et un trottoir est réalisé afin de faciliter le passage des piétons. La particularité de ce pont réside dans sa triangulation de type Gisclard.

Les bâtisseurs

Les frères Seguin

Le premier pont de Lézardrieux a été conçu et réalisé en 1840 par l’entreprise « Seguin frères », une société d’ingénierie civile, composée des cinq frères Seguin : Marc, Camille, Paul, Charles et Jules.

Marc Seguin se distingue comme concepteur et inventeur visionnaire de nombreux procédés industriels, des ponts suspendus, aux moteurs de locomotives.Il est le neveu de Joseph de Montgolfier, qui lui a transmis sa passion pour la recherche appliquée dès son enfance. Autodidacte, il réalise à partir de 1818 plusieurs études sur les ponts suspendus, et expérimente le procédé sur des passerelles à faibles portées.

En 1824, Marc Seguin conçoit ainsi le tout premier pont suspendu de France à Tournon. Il négocie, avec l’aide de ses frères, une concession sur le péage pour une durée de quatre-vingt-dix-neuf ans.Ce type d’accord, jusque-là inédit, sera répété sur plusieurs autres ouvrages, dont le pont de Lézardrieux (projet de 1840), où l’opération spéculative est d’abord menée en collaboration avec le « Sieur d’Ozou » (négociant à Tréguier).

L’entreprise des frères Seguin est incontournable dans la réalisation d’ouvrages d’art durant la première moitié du XIXe siècle. Elle formera de nombreux collaborateurs qui ouvriront par la suite leur propre compagnie d’ouvrages d’art, parmi lesquels, Thomas Arnodin, fondateur d’une autre dynastie d’ingénieurs, et ayant lui aussi contribué à l’ouvrage de Lézardrieux.

Arnodin / Leinekugel-Le-Cocq

La maison Seguin est devenue au fil de l’histoire la Société Générale des Ponts à Péage. C’est dans cette même entreprise que débute Ferdinand Arnodin, en tant qu’Inspecteur des ouvrages. Fort de plusieurs années d’apprentissage, il s’installe à son compte et fonde une société de construction où il invente plusieurs procédés permettant d’améliorer la fiabilité et la solidité des ponts de type Seguin.

Entre-temps il imagine et conçoit de nouveaux types de ponts.Un des brevets particulier de l’entreprise Arnodin, est celui des ponts Gisclard. Le perfectionnement des ponts suspendus est dû à la rencontre entre le commandant Gisclard et l’entreprise Arnodin. Gisclard est un polytechnicien, officier du Génie militaire, qui dépose en 1900 un brevet de pont suspendu rigide. Il donne la licence de construction exclusive à l’entreprise Arnodin.

Georges Arnodin, fils de Ferdinand Arnodin, rencontre à Madagascar Gaston Leinekugel-Le-Cocq, qui est un polytechnicien et ingénieur hydrographe. De retour en France, Gaston Leinekugel-Le-Cocq devient un collaborateur de Ferdinand Arnodin. Il est d’abord chargé de superviser l’édification des premiers ponts de type Gisclard, avant de prendre la relève de l’entreprise familiale, associé à Georges Arnodin (petit fils de Thomas), en 1924. L’entreprise Arnodin forme à son tour plusieurs collaborateurs qui ouvriront par la suite des entreprises similaires, et qui travailleront également sur le pont de Lézardrieux.

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