Les projets de micro-forêts à la mode japonaise poussent dans des collèges du département. Certains sont même assez avancés. Petite incursion à Jacques-Prévert (Guingamp) et à La Grande-Métairie (Ploufragan). Là, élèves et corps enseignant ont chaussé leurs bottes et enfilé leurs gants pour planter des arbre

Au collège Jacques-Prévert, à Guingamp

Dans les espaces très goudronnés de la cour du collège, à la faveur des travaux de reconstruction du nouvel établissement, pourquoi ne pas créer une micro-forêt à croissance rapide ? C’est l’idée qui a été proposée par le cabinet d’architecture chargé des travaux. À l’automne prochain, les plantations seront réalisées par l’ensemble des élèves afin de créer une micro-forêt de type Miyawaki. Elle sera répartie en deux massifs principaux autour des anciens bâtiments de l’établissement, et donnera sur l’entrée principale, rue de la Trinité.

Comment ça marche ?
Il faut commencer par recréer un sol forestier dans lequel les plants pourront s'enraciner facilement. Ensuite, des jeunes arbres d'essences locales et complémentaires sont plantés de façon très rapprochée les uns des autres pour intensifier la compétition naturelle et stimuler leur croissance. Les plants les plus vigoureux vont prendre le dessus, les autres vont végéter ou mourir.
En tout, plus de cinq mille végétaux seront plantés. Cet ensemble va former une petite forêt en une vingtaine d’années, au lieu d’une cinquantaine d’années pour une plantation classique !  Un véritable poumon vert et un couloir écologique pour la faune et la flore, destiné à favoriser la biodiversité en ville et le bien-être du vivant, dont celui des élèves !
Dans les soubassements conservés de l’ancien externat, bientôt démoli, des semis adaptés aux sols rocailleux, tels que du romarin ou de l'euphorbe, sont prévus. 

Des oiseaux au cœur du poumon vert dans le quartier
Que serait un couloir écologique dans ce quartier de Guingamp sans oiseaux ? En lien avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), 50 nichoirs et gîtes seront installés sur des bâtiments et dans les espaces revégétalisés du futur collège. Objectif : recenser des espèces d'oiseaux présentes à Guingamp pour proposer des nichoirs adaptés. Un podcast sur ce projet est d’ailleurs alimenté par les élèves au fur et à mesure. Mêlant fiction et réalité scientifique, il est écrit, interprété et réalisé par les élèves de la classe biodiv' de 5e 4, sous la houlette de deux professeures.

Découverte et recensement des oiseaux
Au programme des prochains mois, la découverte des espèces migratrices de Bretagne et des espèces de chauve-souris ; deux sorties dans les rues de la ville, afin de recenser les « catégories citadines » ; la création d’une cartographie pour illustrer le recensement ; et bien sûr la construction de huit nichoirs pour comprendre les différents types d’habitat selon les populations.

Au collège de La Grande-Métairie à Ploufragan

Sorbiers des oiseaux, noisetiers, pruniers, pommiers, houx, chênes, alisiers, érables, merisiers, châtaigniers, malus sylvestre : les 25 et 26 février dernier, des élèves ont planté 250 arbres au collège. Sur cette parcelle de 500 m², du côté du stade, le long d’un grillage, une micro-forêt a pris place créée selon les préconisations du botaniste japonais Akira Miyawaki. 
À moyen terme, « il s’agit de favoriser le retour de la biodiversité, de créer un petit poumon vert en milieu urbain, et également d'embellir la cour », précisent les deux professeures d’histoire-géographie qui encadrent le projet, Françoise Le Deunff-Roger et Katell Boillet. 

Plantation-Grande Métairie / Crédit Stéphanie Prémel


Dans cette mini-forêt appelée Ty Killi (« petit bosquet »), une clairière est prévue pour y faire la classe en forêt, de l’observation... lorsqu’il ne pleut pas. Les élèves seront, dans un premier temps, assis sur des sièges de fortune (souches d’arbres…). Mais l’étape suivante est déjà en germe dans les têtes. « Nous projetons de créer un mobilier simple, par exemple avec des palettes, avec l’aide des élèves de Segpa et les écodélégué.es. »
Les plantations coûtent cher. Les professeures sont parvenues à obtenir des financements du rectorat de l’académie, de l’État et d’une banque afin que le collège mène à bien ce beau projet !
 

Qu’est-ce que la méthode Miyawaki ?

Akira Miyawaki (1928 – 2021), botaniste japonais, était un expert en biologie végétale et professeur à l’université nationale de Yokohama. Il a élaboré et mis en pratique la méthode de reforestation, la « végétation potentielle naturelle ». 
Des plants d’un ou deux ans sont repiqués dans des terrains préparés, et nourris avec des matières naturelles (écorces, paillis…), pour augmenter leur développement.
Plusieurs dizaines d’essences différentes (espèces d’arbres) permettent de maximiser la biodiversité qui pourra s’y installer. Les essences vont de l’arbuste aux arbres de canopée, pour une occupation optimale de l’espace vertical, et un plus grand stockage de carbone. 
Cette technique du botaniste japonais a fait ses preuves. En effet, plus de 3 000 forêts ont déjà été créées avec succès dans le monde entier, et sous tous les climats. Cerise sur le gâteau : les micro-forêts nécessitent peu d’entretien. 

Image accueil : Les 24 et 25 février dernier, les élèves de 5e C se sont mobilisés pour planter ce qui deviendra une micro-forêt. (© Collège de La Grande-Métairie)

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